Un
homme est à terre un homme est à terre son dos courbe le sol maladroitement ses bras couvent ses tempes maladroitement ses genoux dissimulent son ventre maladroitement un-homme-est-à-terre que fait-il là la foule autour se le demande anonyme faudrait-il aussi que je sois parmi la foule observant d’autres hommes accourent quant à eux pieds et poings prodigues extrémités qui s’élèvent et s’abattent sur un-homme-est-à-terre concentre l’attention de la foule tout autour chœur sauvage de la bave coule des lèvres attisent les fureurs voraces soudaines profusions musculatures de haine ne se retiennent plus les coups s’emparent des corps jouvences cannibales monstres à visage d’enfants affinités meurtrières le flair du sang facile plaisir de la chasse nue violence cela qui s’affaisse un os qui se brise bout de bois que l’on casse sculpture de nerf ravagé un-homme-est-à-terre ne se tendant vers lui pas une main des mécaniques d’yeux seulement enregistrent la scène et moi croyant hélas hésiter bout d’âme qui me démange quelqu’un doit dit Kant le puis-je non ci-gisant toute métaphysique des mœurs ou formalisme d’écolière face à soi la mort délivrée d’abstraction le bruit de ce qui a mal le bruit de ce qui fait mal des ongles qui rampent rationalités de circonstance n’être le héros de rien ne pas devenir soi-même proie du bitume ramassis d’homme tombé à terre maladresse misérable enfin détourner le regard discrète révolte semble-t-il une tombe d’inconnu pour charognarde conscience.