Va te
faire en
culer fils
de pu
te
L’homme
seul entend
autre chose
que
Du bruit
Est-ce au
tre chose
que du Bru
it ?
Va te
faire en
culer fils
de pu
te
L’homme
seul entend
autre chose
que
Du bruit
Est-ce au
tre chose
que du Bru
it ?
Rien
Le mot dure
Une pluie vaine
ici
Tout s’éteint
s’éteignant le jour
Un homme
plonge sa main
au fond de
Sa gorge
Obscurément
de rire S’étouffe.
« Je meurs »
qu’étrangement
hante
l’attrait du crime
au cœur de ses pensées
Avec sourde fureur prolonge-t-il leur attente
comme dans l’assonance d’un orage
peu à peu se détournant du beau fard des fins heureuses
élargissant la plaie qu’écorche le silence de ses lèvres
ou voudrait-il savoir
parmi le peu de visage qu’épargne encore la fin du jour
au loin à pressentir le bourgeonnement de ténèbres nouvelles
ailes noires que déploierait vastes une bête gigantesque
A quel point ses yeux en excitèrent le plus solide reflet
doucement voir s’abrutir chez d’autres les fausses promesses de sang
soutenues du même aplomb que celui douant un mauvais tour de passe-passe
et sans plus d’issue le crâne de ce monde effondré en quelque sorte de boue
ainsi que s’abattrait du ciel l’inexact cadavre d’une théologie contumace
Certes
mais ne faudrait-il pas d’abord revenir à la scène première du drame
La mère
son ventre gras
médiocre sperme grouillant
sous de médiocres entrailles
palpitant le dérisoire des instincts
hors ce trou imbécile d’où s’exhibe l’œuvre du néant
infiniment la buée des larmes éprises d’indiscernables amours
lançant leurs dés comme la mer éparpille le grain de ses plages
l’exigu cours des choses
quoique insensible
l’agitation malheureuse de bras dépourvus de sens
et les bouches grosses d’inconséquentes complaintes
ou l’exigeant abrégé d’un coup de couteau
avec cette lenteur si propre aux baisers
et la main sûre pareille à celle capable de trancher la gorge des rois
S’avancer dans la nuit maintenant qui tombe
s’écroulant derrière soi le facile transport des clartés apprises
par prudentes délimitations
le corps qu’incline le détour de gestes privés d’expérience
sur la peau curieuse la caresse d’un désir mendiant
à sa suite entraînant l’éternité égale de l’univers
le ressours des va-et-vient se tarissant
en haut de quoi peut-être aima-t-on rêver une ressemblance autre avec la vie
embrasé dans la sagesse rapide d’un souvenir d’enfant
à elle
longuement sourit
s’émerveille un instant
s’avoue pour lui-même
Voici donc comment baise et jouit la vérité
Avant que tout ne s’endorme sous la permanence d’un voile identique
Chut…
distraitement une femme soupire
sur son sein bâillant l’intérieur vide d’une parole dépeuplée.
qu’appareille avec calme
l’avenir
Aiza ve ny tanin-drazanako
sa langue comme au bord du vide
persistant en lui le creux d’une âme dirait-on
Pâle naïveté qu’éclaire l’illusoire des choses
une silhouette traverse curieuse l’événement de sa vie
Plus tard se rappelant à l’absente nécessité de son existence
inespérément
se pousse
Au loin paraissant
l’immensité nouvelle qu’un saut dans le vide déploie.
Charme
l’étrangeté d’une seconde
ou le passage d’une certaine idée dans l’air
quoique la foudre parût frapper sans claire apparence
quelque part à l’ombre de ce qu’étend ma peau
Là n’étant plus le même
l’humeur change comme
la nuit succède au jour Moi
m’apprivoisant aux choses
leur bible en main
depuis toujours
convertissant le sauvage
l’Amour d’un quelconque Christ néanmoins
sublimé en l’amour plus précis de l’argent
Désirant ce qu’ils veulent
me méprisant en vérité moi-même
Puisque
quelque secrète accolade appointée dans un bureau de la FED
C’est d’âme encore dont en coulisses se décide le sort ou la dette
admirez-nous mourir
l’intelligence toute occupée à mendier la faveur d’un sens
et plus une femme n’échappant à son prix
hélas Virginia Woolf
Son lieu à soi ne dévoilant que la plus facile des marchandises
des enfants
qu’une face d’Orient
affranchit
de toute consternation morale
(le vieux touriste révèle-t-il son BAFA prenant plaisir à jouer avec eux ?)
Joie de cigare donc
sous la vitrine qu’offre de l’horizon
de grands élevages d’esclaves
Perspective exemplaire
le monde est une valeur enfermée dans un coffre-fort
la clé autour du cou d’un inexorable maton en costard-cravate
ne lui suffisant que de baisser les yeux pour s’établir roi
Et nous marchant têtes basses sous l’influence de sa vue
il faut nous enfuir
rebrousser le chemin
rallier la frontière
n’emporter avec nous nul regret
Notre terre natale
est à chercher plus loin que ce que nous pensions être
les généalogies du ciel
l’alignement des planètes
l’ivresse de la chair
semence après semence
Retrouver ce qui jamais ne cessera de nous précéder
Car
le premier père
et la première mère
eux peut-être savent
Pourquoi
devant la bouche cruelle des fusils
sentant le muscle de notre lutte faillir
l’exil forcé de nos princes
la captivité de notre race
Serons-nous les derniers à nous souvenir de la couleur de notre sang ?
Ou bien…
ces gens
avant que dans leur dos
ne se dérobe la mémoire
ne s’épuise la route
Bouts d’hommes et de femmes perdus
baluchons de misère
les poches pleines de vent
drapés de guenilles
leurs faciès insensibles
à l’avant-garde de la dèche
A poursuivre le tort d’un ciel dépourvu d’étoiles
Les yeux engloutis parmi l’indifférence des regards
Plongeant leurs mains dans la famine des poubelles
furent-ils eux aussi des enfants
quel sort eurent-ils donc de naître
Trafiquant d’hésitantes pancartes au langage délabré
nulle rêverie n’étincelant ces maigres amas de chair
propices épaves dévolues à l’usage des bas-fonds
et la nuit venue ce qui en précise les carcasses
Comprendre alors :
qu’il est facile d’aimer la vie
à ne la vivre qu’au hasard
d’incarnations prospères
et de faciles doléances
Quoique certains en ces termes se sussent peut-être gré
d’en avoir quelque chose à foutre
Ô grandeur des âmes
comme dans la bouche du poète soudain s’ébahit la niaise beauté des fleurs
mensonge à bras ouverts d’où se flatte l’humanitaire en manque d’être
sans mal convaincu du Bien que devant tous et plutôt toutes il représente
bigot d’une hospitalité par principe la plus parfaitement théorique
heureux de livrer l’excédent de cette masse à quelque laborieuse nécessité
qu’à bon entendeur n’acquitterait pas même le nettoiement de chiottes infinies
Quant à moi je ne vous tromperai pas affirmant ceci
Cela m’est égal
La rue est un cimetière où aime à s’entasser la fin du monde
Autant ne plus y penser
Et laisser à l’hiver le soin d’expurger l’espace
Non ?
Souvent le voit-on
dans le métro
vague
et confus
au parcours d’un regard
qui ne lui appartiendrait
plus Chose
méthodiquement distincte
parmi l’identique nullité d’un décor
sombre au travers de la vitre
concave
musellement
de rails
de câbles
de poussières
de tags
et de crasses
Tunnel de mine pauvre
alentour
grise une molle peinture d’ennui
et l’histoire se gaussant d’obnubiler son personnage
comme si tout l’air du monde évidait sa respiration
les corps ne fleurant plus qu’une fine mascarade
le fantôme de l’Occident
derrière lui
rôde
hante
la chair
exsangue
vacille
décombre
une soûlographie de grâce louche
au front de vaines espérances un mendiant traverse la rame
j’ai froid
j’ai faim
je voudrais que l’on m’aime
et cætera
personne ici n’entend
les oreilles sont closes
Ou
peut-être qu’en secret prie-t-on le retour de quelque messianique faconde
à cette seule cause émise pour inachevable testament
ainsi cher Paraclet au devenir lointain
Dans le côtoiement indécis de gueules malhabiles
Au contraire remarquant celui dont le visage soudainement
s’éclaire
pareille à l’arcane bafoué d’un mensonge
une solitude d’homme brandie de mémoire floue
dehors
pénètre l’espace d’où elle manque
sa vorace imminence
sur le panneau d’affichage un alarmé zéro clignote
D’anthropomorphiques fourmis grimacent la nécessité de leur travail
Il faut
Certes
Mais IL FAUT
Quoi
Une mauvaise métaphysique abjecte les cœurs
quand à morne escient
la vie
malgré elle
ne se souvient plus
comment
vivre
sa complaisance d’instincts
aussi l’engrenage de ses factices présomptions
d’inaccessibles distances approchées dans la fuite d’inexorables mains
à la surface des peaux d’inconnues caresses ignorent leur destination
préalablement prisonnière des laideurs dont se fomente la foule
complice
criminelle d’inassouvissable vengeance
panoplie fatale
enfantement haineux
ou la douleur d’imaginer perdu le sens obvie de plaire
à endurcir sa voix d’âpres immanences de gouffre
l’Autre est un abîme d’où s’écrase la parole
chacun attendant d’abord que chacun l’idéalise
on tourne en rond sans suspecter l’hygiène de la cage
Et le moindre mouvement de l’œil livré aux plus propices sujétions
exergues abrutis qu’embourgeoisent les conspirations du désir
l’art agonisant dans la dépouille résignée d’excellences joyeuses
le selfie d’une quelconque cruche comme esprit du siècle
que gonflerait
suffisamment
l’analphabète
estime
d’un irrépressible
Moâ…
Or
qu’il y eût de la sorte à toucher le fond
quelle archéologie future le comprendra
Ceci
son règne
prenant fin
Le dernier des poètes à regret
lentement
bailla
et s’endormit.
ce qui
au large
nous entraîne
Dans l’immensité d’un regard
ou la fugue d’un oiseau
la paroi d’une cage
et l’abandon des rires hormis nos bouches d’enfants
à l’embouchure d’un mot
lequel
le souffle épaissi
– Nous aimerons-nous toujours demandent-ils et elles
demanderont toujours
Sous le pâle d’un ciel sans plus de hauteur
nos yeux devenus ceux d’une même contradiction.
tout le jour durant
n’être qu’homme
ou
si peu
précisément
Déserter là
le prolongement de sa cause carnaval dévolu
combustible d’ennui insatiable finance
cela qui s’efface sans livrer de nom
l’éternité d’une poussière la bribe d’une étoile
et la vie entière par-dessous
passant
comme
passe un nuage
l’allure ou la trace
recrue de clarté
semant le détail d’une étincelle
l’orage écoulé d’un désir
faut-il dès lors
que la ville
brûle
autour traînant hagarde la sueur torve des muscles
sous l’infime du devoir
se confectionnent des buts pour commode raison de croire
aux évidentes mécaniques des lendemains
ainsi le peu d’amour qui demeure hors
l’enfance héritée de sauvage envergure
Plutôt
espérer le vide
contourner la matière
Où
majuscule retroussée
plus tard dira-t-on que nous fûmes ce que nous prétendîmes être
viande malfamée le surcroît d’une mauvaise aise
Souffrant
tristement noie son ivresse au plus profond d’une idée noire
pensée nue
ne laisse la nuit de revenir à ses trousses écarte
de ses mains l’ordure absente du ciel son reflet
Quelque part
(pisse sans doute)
se tient-il encore droit récusant la chute
échassier au cœur de la tempête la gueule d’un boxer
à l’encaisse d’un empirique crochet du gauche
hurle ou bave éclabousse ses gradins de sperme
s’étreint au hasard – Grondements d’orgie –
débouche un goulot inspire fort apprécie le vacarme
rit peut-être dépose sa bouteille un instant
aimerait se souvenir la première fois le palpitement la chaleur
s’élance
pèse tout le poids d’une inutile descendance
fonce tête baissée en avant de l’abîme
n’oublie pas d’ouvrir grand les yeux
Observez
bientôt il atteindra le centre des choses
le mystère de l’existence trope accoutumé
dégaine une arme au croisement de sa tempe
n’a plus d’hésitation
délicatement
presse
la détente…
Quel lecteur ici retiendra son souffle
Quelle femme hurlera son nom
L’atmosphère tremble
Effrayée par le bruit une grappe d’oiseaux s’envole
Des plumes jonchent désormais le contour du drame
En peu de mots l’avenir inconsidérément s’achève
comme à contrecœur
La mort emporte dans les ténèbres son dû
… sur la berge occidentale du Styx une silhouette nouvelle se dessine
approchant l’illustre Charon semble chercher quelque chose dans sa poche
fouille maladroitement le fond de culotte arborée pour l’occasion
puis avec déférence et souple convention adresse au sévère passeur un signe
clin d’œil d’abord après quoi défaisant la fermeture de son poing
promeut ravi l’avance outrée de son majeur honorable mention
Et amène surprise donc
Regardez-y de plus près
jailli du canon
un drapeau déroulé
astuce de farces et attrapes
quatre lettres apparues
« BANG »
l’auriez-vous parié
Haha !
et savoir seulement tenir l’alcool.
A bout d’été
peine comme
venu se pendre à
RIEN
le gris reflet de la ville
s’étend sous le crâne du ciel
n’est plus la mer au loin
ressemble
au terminus des voyageurs
tout le monde descendant
le goût crevé des vieilles habitudes
un recoin de réel dans le précipice d’une boîte mail
l’acquiescement bas l’égo servile
à compléter par cœur quelque protocole d’existence
Ainsi
l’œil désaxé de ses verticales mobiles
s’écrasent les vertèbres
dans le creux des jours
un fauteuil de cadavre
le réconfort d’un destin sans hauteur
l’événement est lui
disparu
qu’a-t-il été
silence solitairement
s’ignore l’effondrement de son discours
Des syllabes de plomb dans la bouche
à peu de choses près
l’attente ou
l’oubli
la mémoire exerçant l’usage de son absence
rapprend le noir des nuits de peu de rêves
manquant d’il y a
un trou déglutine les têtes
ossature disséminée
du temps passerait-il par là
indéfiniment
s’objectivent les couleurs de l’avenir
images de fausse lumière de la réclame pour gras touristes
Hors
qui demeure
à l’orée
l’allure d’une ombre soudain se pressant
persiste sur le chemin emprunté
le saisissement de sa joie cavalerie sauvage
dans le désastre des champs de bataille
dans la ruine des vérités d’aube-sang
dans les pourquoi des poings exorbitant l’air
Admettez :
est une invention d’angle obtus
un puits de science inutile
un agenouillement de théologie pauvre
un amoncellement d’ordures livré au hasard
Éros
et Dionysos : deux larmes coulant sur le visage d’une splendeur ancienne
la vie désormais pareille à la danse d’un cul-de-jatte
ou l’immensité du vide berçant l’éveil d’un nouveau-né
entre ses bras l’amour de l’univers
Et le printemps qui sans cesse revient
s’y suspendant
la floraison des êtres le renouveau des cœurs
l’INCONNU
encore une fois.
Et le beau comble de la fête
lentement
se vide
(sous les fronts l’hilarité se desserre)
Venu
un temps
paraît
autre
le silence de l’aube glissant par la fenêtre
des corps pleins pesantes traces d’ivresse
au sol s’éparpille l’extrémité d’un sens
Jailli
silhouettes timides
une fille leur regard
était-ce le même
L’intersection passe
s’éloigne elle
attend ou s’endormirait peut-être
Il hésite
voudrait ne plus quoi
hésiter donc
dans la nuit qui meurt un lancer de dé orage la tête
l’inconnu est un saut qu’à la fin empourpre le vide
Il s’avance
un bout d’univers tremble
élance sa bouche
parle ou rêve de
parler
Elle écoute
là où son nom éclot parmi l’air
dit oui elle
est un oui le bâillement de son cœur
l’excède et le secret
dedans
abandonne
l’amarre des pierresSuspens
et vertige
un frisson parcourt la profondeur renouvelée de l’espace
quelque chose naît comme
s’enseignent les constellations du ciel
ou existent loin d’ici
les ailleurs que l’on cherche
main qu’étend l’ombre dans le franchissement d’un sourire
apprivoise
la peau désarçonne
la subversion des doigts
Alors
le feu est
deux lèvres qui s’approchent deux muscles ouverts sur
l’étrangeté d’un gouffre
dans le ralenti des paupières tombant
closes
le désordre
ce qui faillit se laisse faillir
Accuse
la frontière
entre
les êtres
Ce qui se cache sous l’exactitude des visages
l’envers
nudité encore
inavouée
Pâlit-elle
lui
s’attarde dans les contours les parages
l’Orient doux de ses cheveux
est la surface apparue du désir
s’y plaît
si plaisant s’y perd
rare
S’enfonce jusqu’à l’endroit de sa disparition
paysage de fantôme
l’intérieur d’une caresse
sa terminaison lente
Respirer
l’instant macule les secondes qui le précèdent de poussières bienheureuses
deux atomes figent leur ressemblance dans un même ensemble coordonné
un rayon élargit son passage délaissant la clarté d’une vieille étoile
le devinent-ils
L’avenir pointe
recourbe ses brumes
jusqu’à ce qu’enfin
que ceci
l’accalmie : un souffle
Le leur
à peine.Jours maudits jours tristes
veilles d’océans dont
les remparts dégrisent le sort
agonisant les surfaces
une forteresse d’étendue oisive
au loin peut-être l’Amérique encore
à conquérir d’un dernier dollar l’idéal
j’écris à main levée l’œil myope
cherchant une vision par-delà
le ciel dilettante couronne
intempestive compagne
me réclamerait-elle de sang bleu
moi l’épave d’avance douteuse
empressant d’apocryphe rivage
la vie sous d’immobiles silences
d’où se taire longuement attendre
affûté en l’absence de proies
vieux requin brisant ses dents sur la cage
où est le réel où
est le réel
se demandera l’incapable
oubliant de lui-même la demande
étant le réel au fond de sa bouche
impatience de petite vertu
pénombre balbutiée
mais de la lumière enfin qui en donnera
qui en efflanquera le tort
fût-ce brindille que porterait un nain
et l’intuition d’en bas des choses
l’enfantement d’une maigre page
le lit d’une encre provisoire
je m’y endormirai méconnu
avec à bout d’idée ce sceptre
comme de la plus indolente royauté.
A revenir enfin d’on ne se souviendra plus où
retroussant la chair crainte de nos erres maladroites
le long de chemins parcourus d’ivresse vide
là nos ombres jetées de silhouettes rares
traçant au sol l’éclat soucieux d’irrémédiables sillons
et l’œil brûlé dans le soleil des midis farouches
tu me diras que tu m’aimes
lentement
à perte de vue
tu me diras que tu m’aimes
avec du bout de tes lèvres déclinant le jour
moi inexplicablement
reculant ou avançant vers toi
d’entre tes mots comme des ronces délicates
le trajet fragile d’une fuite sans plus de corps
fantôme qu’étirera au loin une mer lourde d’hésitants nuages
tu me le répéteras
clairsemée de silences
comme le printemps répète l’aurore des fleurs
il n’y aura autour de nous que cela qui s’éveille
quelque tam-tam thoracique peu à peu s’entre-ouvrant
et l’empreinte d’une main ressemblant étrangement à la mienne
où apprendre encore la forme de ton visage
à cette rive inaccessible échouant voyageurs et sommeil
mes yeux se fermeront
pour de l’intérieur t’apercevoir plus grande que d’abord tu ne le fus
accrochée à l’air et l’orage des tourmentes au goût de sel
je coulerai dans tes veines mon sang conçu d’ailleurs
rimant ma peau à la tienne
cousant ainsi nos sueurs
celles qui lasses riant et pleurent
jurant étalent nos vies
comme s’épuisent au flanc des collines de trop courts ruisseaux
paysage peint en de larges figures d’enfant
des rêves de couleurs au charme tremblé des doigts
bande guidant précieuse ce que l’âme découvre
l’enfoncement de l’univers jusque sous l’hymen béant de tes cuisses
pâle désir qui s’invente de n’être que le mien
si seulement
si pauvrement
au clair prononçant l’envers des miroirs qui m’observent
un champ de tournesols s’estimant l’égal de galaxies nombreuses
quand à l’écart du troupeau pâture précoce un nouveau-né
l’un à côté de l’autre nous marchons
était-ce hier
était-ce vrai
demain déjà brille noir sous le crâne du ciel
une toupie danse à plat éclairant les hasards d’une vieille mappemonde
atlas faussé d’où malicieuse manque l’aveugle ruine des civilisations
et le cri dévot des gorges partout que l’on tranche
misère que s’embrasse la tendresse des bouches
à nouveau diras-tu que tu m’aimes
bordant de ton geste l’essor infini de paroles plus vastes que la terre
hors l’horizon disparue la clarté confuse des âges qui passent
nous deux
allant surpris auprès d’un cœur semblable
lame qui rôde dans l’impatience des pluies d’été
soudain s’extirpe d’une réponse aux dents closes
ou la retenue d’un souffle qu’une poussière dans le vent égare
…
toi qui me laisse paraître au détour de la nuit
à croire y avoir perdu la raison ou la mémoire.
Le soir. Entre ses mains. Coule.
Lentement.
Approche la nuit. Approche.
A quoi pendent-elles.
Ces mains.
Semblent là celles d’un mort. Bientôt.
Se liant. Éprises. Inconcevable préhension.
Qu’abolirait soudain sombre. L’inconnu.
En sa surface se trouant.
Par-delà l’œil qui se ferme.
Le paysage d’un silence.
Où est le rêve. Où est.
Le rêve.
Où est cela qui fut rêvé.
Au temps vaste. Murmure.
Un lambeau d’horizon.
Une pensée que plus rien ne pense.
Se ramasse.
Le poids d’ombre des poussières remuées.
Pleur épars. Gisant. Parmi le peu des souvenirs.
La moindre des choses.
Au loin. S’échappant. Le sein de la mère.
Bouchée primitive. Lèvres faites d’amour.
S’en délivrer. Y revenir. Bégayant la tombe.
Syllabes craquelées. Noircit le spectre d’un enfant.
S’en irait-il nu à l’envers du soleil.
Lâche.
L’avenir est. Vérité manquante de cœur.
Présence perdue d’un nom.
Quand tout ailleurs. Disparaît. Ce qui reste.
Deux mains. Accrochées.
Au bout du jour.
Un petit bout d’elle lui restait comme coincé au travers de la bouche. Quelque part sous sa langue il sentait qu’encore elle était là. Qu’encore elle rôdait. A l’intérieur de lui. A l’intérieur de ce qu’il devinait être l’étendue de sa faiblesse. Dissimulée dans le retard d’une pensée confuse. Dans le recoin d’une indéchiffrable circonstance. Elle semblait l’y attendre. Inévitablement. Inexplicablement. Elle semblait attendre quelque chose de lui. Quelque chose qu’à la fin il devait ignorer. Qu’il devait ne pas comprendre. Qu’il ne pouvait pas comprendre. La faute sans doute à cette trop grande incertitude pesant à l’endroit de son cœur. De ce qu’il croyait être son cœur. Cette boursouflure étrange dont si souvent l’existence ou l’imagination échouait au hasard de palpitations maladroitement encourues. Et l’impression vague d’une raison soudain n’appartenant plus à personne. D’une raison s’échappant peu à peu hors de toute durée. Hors de tout discours. Pareille à une blessure délivrée dans la pénombre d’une mauvaise rue. Un furtif coup de lame qu’impavide eût exercé la nuit. A l’agonie de corps laissés à l’abandon. Suivant la pâle contrefaçon de leurs mortalités invariables. Venant se ressasser par là l’absence peut-être désirée de souvenirs. Traces perdues dans le désert de la mémoire. Le fantôme d’une main tenant un dernier verre. L’exagération brusque d’un rire. La clameur d’une foule errant sans plus de but. L’ivresse d’une larme entraperçue. Le cliquetis taciturne d’un briquet allumant une cigarette. L’impatience d’obscures controverses. La poussière des peaux s’entremêlant dans le désordre des gestes. L’invention hallucinée d’irréfutables connivences. La peur de l’autre. La joie de l’autre. Le grouillement des caniveaux. La menace de l’orage. L’hésitation du souffle. Cela qui s’ose avant que ne survienne le silence. L’expectative lointaine d’un sommeil d’où s’écarterait la profondeur des yeux. Et cette silhouette qui demeure. Elle. Son nom. L’oubli de son nom. Des lèvres qui ne savent plus en articuler le secret. La suspension d’une étoile dans le ciel. La nudité vaste d’un soupir. Le vide entre deux visages qu’espace une indifférente brise. Le dos tourné d’un adieu enfin. S’engouffrant au rebours d’un lendemain défait. Lui. Une ombre à peine. Jonchant le fond d’un crâne inutile. Poème mort.
Souvent. Il regardait par la fenêtre. Il regardait. Loin devant lui. Par la fenêtre. Le plus loin possible. Il regardait. Et son regard souvent se perdait. Ailleurs. Quelque part. Dans le lointain. Là où rien n’a d’importance. Là où le ciel est un souvenir. Un oubli. Où parfois un oiseau croisait son regard. Inutilement. Il regardait. Là-bas. Quelque chose. Une image. La forme d’une image. De plus en plus lente. Entrant dans ses yeux. Dans l’arrière de ses yeux. D’où cela regardait. En lui. Sans qu’il n’ait besoin de s’en rendre compte. De s’en soucier. Étant là sans avoir à être. Lui. Ou un autre. Juste une vague impression d’exister. Guère plus. D’avoir un corps. De pouvoir s’en servir. Théoriquement. D’avoir appris à le faire. Sans qu’il ne sût jamais pourquoi. Si bien qu’à la place seulement il regardait. Comme égaré dans le détour d’un rêve. Un rêve dont il ne serait pas le rêveur. Un rêve dans lequel il n’aurait rien à faire. Attendant. N’attendant pas. Pareil au silence d’une plante. A la minutieuse évaporation d’une goutte d’eau. A l’extinction progressive de la flamme d’une bougie. Comme si le monde soudain lui avait dérobé ce pour quoi être au monde. L’idée souhaitable d’une cause le précédant. D’un avenir lui incombant. L’événement quelconque d’une pensée. Aussi minuscule soit-elle. Il était comme une pierre posée devant un miroir. Une réflexion morte. Bien que vivant malgré tout. Continuant de respirer dans l’imperceptible mouvement de l’air au travers de ses narines. Parcouru d’intermittentes sensations étrangères. Dont ses yeux cernaient le maigre décor. L’exorbitant gaspillage d’une présence en tout point facultative. Présent de peu de valeur. Présent baigné d’impossibles intuitions. En soi dépourvues de vérité. Ou de mensonge. Manquant de leur propre manque. Et lui regardait. Las. Et par la fenêtre s’écoulait un temps habité par personne. Dans l’espace duquel semblait patienter l’absence irrévocable de toute volonté. De tout appétit. De toute fin. Quand seul un fragile bruit sourd se perpétrait. Que produisait le battement machinal d’un cœur. La pulsation du sang hors d’invisibles veines. Allant et venant le long d’un circuit d’organes dérisoires. Au bout de quoi devait se trouver un cerveau. L’hypothèse d’un cerveau. Qu’une autopsie tardive peut-être contredirait. Découvrant sous cette boîte crânienne une sorte de gouffre. Un genre de béance anatomique. Remplie d’ombres. Peuplée d’apparences trompeuses. De mots sans usage. On dirait de ce crâne qu’il n’était rien d’humain. Qu’en dépit des ressemblances il était autre chose. Une anomalie métaphysique. Un résidu de néant miraculeusement conservé sous l’aspect composite et matériel d’un corps. On se demanderait comment son propriétaire fit pour survivre si longtemps. A ne disposer clairement ni de conscience ni de moi. Mais lui sans doute s’en moquait. Il regardait. Par la fenêtre. Comme souvent il aimait le faire. Il regardait et imaginait que son regard se perdait. Que son regard se détachait de ses yeux. Qu’alors il s’envolait. Dans le ciel. Au-delà du ciel. L’abandonnant lui de l’autre côté de la fenêtre. A l’intérieur de cette pièce si familière que sa silhouette ne s’en distinguait plus. Meuble parmi les meubles. Charpente d’os soutenant un plafond illusoire. A l’endroit où la réalité pèse mystérieusement le moins lourd. Comme surgissant de la fente inexplorée d’une frêle jeune fille. Que la réminiscence de mains maladroites rappellerait au détail d’une première fois. Et le curieux parfum d’un désir de bouche tendre. De murmure incertain. De peau lisse. Où de la sueur peu à peu s’entremêlerait au hasard de caresses. Jusqu’à pénétrer le dedans d’incommunicables cuisses. Et que le souffle des gorges s’accélère. S’enhardisse. S’allitère. Qu’à force l’insolence même de ce souffle se transforme en une manière de cri. D’éclat de chair. D’abord tu. Puis de plus en plus appuyé. De plus en plus ineffable. Et qu’enfin le voile d’un mystère se lève. La secrète enveloppe d’un cœur se déchire. Dans le tressaillement inexpliqué de deux sexes. Suivant l’écho infini de ce geste. Recommencé inlassablement depuis l’origine. Ravivé au pressentiment du moindre contact bienvenu. A la moindre jonction d’un regard propice. Dans la perturbation à peine sensible d’un sourire dépourvu d’habitude. Flottant à la surface d’un visage inconnu. Libre. Heureux. Il regardait. Et regardant ne voyait rien. D’autre que le ciel. Par la fenêtre.
visage bas
apparition mendiante traîne sur le pavé un revers d’existence dans l’inattention des passages un bout de carton pauvrement indique l’état de la chute d’où guettant à l’abri de peu d’orthographe l’approche du moindre pas lentement se desserre l’abîme d’une paume immense au fond de quoi périssant le jour éparse croule la nuit pourtour qu’aveugle le regard évite sans doute craignant de s’y confondre chair aussi entrelacs d’homme brisé à terre songe d’utopie manquante l’odeur de la faim crasse d’haleine pâteuse s’abjurant dès l’origine le secours d’une main tendue intuition dévastée révulse l’impatient la ressemblance d’un dieu sur la face d’un singe dignité elle inattendue auprès de qui vint le don Es gibt parole donnée Sein in die Sprache faut-il le croire ou au contraire l’apprendre l’inconscience de soi est la conscience d’un autre désir qui le parcourt si ainsi se soulève le corps par surcroît la tête détachant la bouche loin du sol libère l’espace des mots l’hésitation de la voix cela qui se demande dans la béance des savoirs errant encore l’inconnu s’apprivoise la distance qui sépare la vie d’elle-même avec pour comble d’intelligence cette manière de sourire bêtement fuite subtile de dents devenues trop blanches par-delà le silence préférable d’une bouche à l’abandon.mouvement de
la vie congruence de la merde à l’infini se multipliant l’univers s’imagine sorte vaste d’orifice lointaine bouche préalable elle-même pourvue d’un long tube digestif organique substantiation transit d’atomes corpuscules et poussières soubresauts d’une supposerions-nous congénitale diarrhée cosmique d’où à force surgirait le temps réciproquement se chiant de l’être comme au travers d’un trou noir gigantesque anus contradiction en apparence peut-être in principio erat verbum voudraient se convaincre certains naïve prémisse hélas parthénogenèse illusoire au commencement seule était la faim nécessité grossière quel besoin de dieu à cela l’invention du comestible ce qui sans même l’usage de dents se mange se déféquant alors une métaphysique d’excréments coprophile évidence des choses or l’homme de science à l’inverse ne se prenant guère pour de la merde n’a lui d’yeux que pour sa tête celle d’un précieux moi blanc de préférence le costume serré autour de la taille refoulant jusqu’au bruit de ses pets poésie élémentaire pourtant si l’enfant encore sait en rire et encore a le plaisir de contempler au fond de son pot le résultat de sa poussée de même que l’animal en lèche parfois les contours hasardeux plus scientifique que de raison ajoutant à la panoplie du réel cette sensation inattendue le goût de la merde et à bien y réfléchir l’essence secrète de la matière.comme un meurtre qui
dans les rues traîne sa joie sauvage une balade de couteau entre les omoplates çà et là de dociles victimes que le jour disparu dévoile parmi les ombres et la foule isolée s’ensemencent les figures ennemies silhouettes propices d’incidence rapide blitzkrieg en cul-de-sac l’odeur du mal parfume l’air abrège le souffle de l’esprit fiction d’atomes converse ce qui rôde dans le cœur des bêtes insatiable carnage l’avenir est une étincelle dynamite en bout de mèche éclate in extremis le calme des silences ou la vie malgré soi courir vent de face ou bien ventre à terre courir sans se souvenir où courir parce que d’autres aussi courent après quoi lasses indigentes ruées marchandises en toc attraction vénéneuse le réel tremble dans les cerveaux vides pourcentages disponibles eschatologie du zéro une image persiste celle d’une femme nue perversement le désir lui ressemble et la vérité tourne en boucle autour d’elle-même spectacle idiot s’emprisonne le regard sous le poids des mots dehors s’étend un ciel dénué de question.crache
le glaire noir haut poumon près du cœur tarde l’occident s’éparpille en fumée un mégot entre les doigts va et vient va et revient fluxion longue fourbit la gorge dans le débris de la bouche abîme incertain cela d’où cela parle cela aussi qui meurt l’extinction de l’air indifférent soleil cime sans ciel crépuscule d’étoile la nuit tombant à l’intérieur l’œil lourd se dévaste en silence l’étroitesse d’une pensée comme un regard perdu au fond du regard l’écroulement des heures veines usées salive épaisse ce qui rêve dans le détour d’une aiguille soustrayant les envers l’oubli jonche la surface des choses glissent par-dessous leurs noms quelque cendre enfantine se soulève au passage du néant et le temps fane de l’autre côté des miroirs se trouvant là vieillis des corps ne savent plus de quoi ils sont les corps bouts d’univers que rien à la fin n’explique image vaincue d’immortalité absente.Un
homme est à terre un homme est à terre son dos courbe le sol maladroitement ses bras couvent ses tempes maladroitement ses genoux dissimulent son ventre maladroitement un-homme-est-à-terre que fait-il là la foule autour se le demande anonyme faudrait-il aussi que je sois parmi la foule observant d’autres hommes accourent quant à eux pieds et poings prodigues extrémités qui s’élèvent et s’abattent sur un-homme-est-à-terre concentre l’attention de la foule tout autour chœur sauvage de la bave coule des lèvres attisent les fureurs voraces soudaines profusions musculatures de haine ne se retiennent plus les coups s’emparent des corps jouvences cannibales monstres à visage d’enfants affinités meurtrières le flair du sang facile plaisir de la chasse nue violence cela qui s’affaisse un os qui se brise bout de bois que l’on casse sculpture de nerf ravagé un-homme-est-à-terre ne se tendant vers lui pas une main des mécaniques d’yeux seulement enregistrent la scène et moi croyant hélas hésiter bout d’âme qui me démange quelqu’un doit dit Kant le puis-je non ci-gisant toute métaphysique des mœurs ou formalisme d’écolière face à soi la mort délivrée d’abstraction le bruit de ce qui a mal le bruit de ce qui fait mal des ongles qui rampent rationalités de circonstance n’être le héros de rien ne pas devenir soi-même proie du bitume ramassis d’homme tombé à terre maladresse misérable enfin détourner le regard discrète révolte semble-t-il une tombe d’inconnu pour charognarde conscience.se perdant
dès l’origine là parlant moi l’autre en moi comme un trou dans la bouche contredit cela qui se dicte hors la langue erre la langue à l’opposé se dédoublant l’univers métamorphose le manque de mots en manque de mots élargit le crâne de penser déborde l’approche des choses la vue qui pèse une mémoire d’enfant l’ordre du père enracine le mensonge présence d’homme au fond des rêves le visage de Dieu est sans visage déguise le ressac l’oubli excrément du ciel décolore les souvenirs bleus regards à l’abandon ce qui passe par la tête n’a pas de tête de la lumière seulement qu’éteint la plus mince paroi d’une paupière enserre l’ailleurs dans l’ici noir soupir respiration longue l’attente des ombres spectres de désir trouble à l’intérieur hantant le cri d’un nouveau-né le ventre de la mère hérite du hasard sexe de néant de la poussière remuée s’effaçant le crime la mort toujours en retard l’exhaustion de la vie inépuisable recommencement l’inconnu qui bout d’être-moi consonance toxique infinitif croire et si je n’exister pas.le corps de
ELLE le corps de LUI l’encore de ELLE + LUI au travers de cela qui sans cesse se rapproche balbutiant le souffle déguise la main cherche vers quoi se tendre rien de connaissable l’autre gisant sous la peau l’emplacement du désir passerelle entre deux vides s’y démasque la chair exorbitant pâle de l’œil muscle feint abonde le sang ralentit le regard se dresse la chose à l’endroit du cœur le discours de LUI discorde de ELLE et la chose entre va et vient dans l’infini de ELLE murmure le signe de LUI point de non-retour se raccourcit la chose coïncidant l’au-delà du ciel le couvert des noms ELLE ou bien LUI gouttant la sueur de l’orage précipice d’oubli qu’espéra-t-ELLE pour ce que fut LUI l’aube se levant sur deux cadavres hors l’éternité muette de dos se faisant face la même étrangeté l’invention de la nuit bêtes obscènes ce qui fut joui là faute d’amour inavouablement se rappelle à quelque au-revoir l’équation inconnue ELLE + LUI = ?lieu
l’absence de lieu la foule l’écran de la foule des regards sans croisement ce qui se rive à l’extrémité de ces regards sans croisement l’illusion d’être en compagnie de semblables mais à quoi ressemble le semblable en l’absence de lieu autrement que soi-même contre-sens à l’entour s’espaçant anonyme se montre sans visage ni chair le vacarme d’un silence dénué de silence s’aplatit la pensée dans l’écran de la foule se perdant l’agrégat des sourires la distance entre deux bouches cela qui se préfère n’existant plus passe à côté traverse faux mouvement la représentation des volumes est vide d’intérieur l’écran de la foule le flux des machines lieux abandonnant croisée d’aucun regard d’où l’autre paraît reflet de miroir soudain complice battement de cœur habitant le lieu contredisant l’absence secrètement rejoints l’ici et maintenant vérité promise.rien
la nuit rien que la nuit qui s’enfonce jusque dans les choses jusque dans le nom des choses dévore ce que la nuit n’est pas la clarté qui demeure dans la clarté d’un œil et tout ce qui est la surface où le nom des choses apparaît puis disparaît la chose sans nom et le mouvement de la nuit qui s’enfonce sous la surface de l’œil tombe est-ce encore un œil quelque chose comme un œil en lui qui se ferme à mesure que l’image déserte la vue et que la matière repousse la forme et le désir d’être la nuit ce dans quoi l’œil tombe une fosse où crève le jour et l’existence du jour n’est qu’un souvenir de soleil la nuit venue autrement que la nuit la moindre des choses cela qui se souvient n’étant rien que la nuit la conscience de la nuit et le mouvement qui dure sous la surface de l’œil à qui est-il à qui faut-il qu’il soit demeurant là je sans substance dans l’œil-tombe manquant la vue qui sait voir et diffère le jour hors de la nuit la frontière entre le nom et les choses un mur de paupière est le je de hors la nuit qui remplit l’espace du dedans est le je où tombe l’œil dans la nuit la présence d’un rien au contact de soi à l’endroit de plus personne.