Coït

++++++++++++++++++++++++« Je meurs »

++++++++ces mots
+++++++++++++++++qu’étrangement
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++hante
++++++++++++++++++++++++++++l’attrait du crime

++++++++++++au cœur de ses pensées

++++et l’inhabitée profondeur qu’épuise l’impossible de sa langue
Avec sourde fureur prolonge-t-il leur attente

++++++++++++
++++++++++++++++comme dans l’assonance d’un orage

++++peu à peu se détournant du beau fard des fins heureuses

++++++++Quel démon essouffle en lui sa rumeur
++++élargissant la plaie qu’écorche le silence de ses lèvres

+++++++++++++++++++++++Sait-il ++++
++++++++++++++++ou ++++voudrait-il savoir

++++ce qui désormais s’en va ravissant son âme d’ancre ancienne
parmi le peu de visage qu’épargne encore la fin du jour

au loin à pressentir le bourgeonnement de ténèbres nouvelles
++++ailes noires que déploierait vastes une bête gigantesque

++++++++A quel point ses yeux en excitèrent le plus solide reflet

++++dans cette pénombre qu’accueillera bientôt l’existence du mal++++
doucement voir s’abrutir chez d’autres les fausses promesses de sang

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++devises aveugles
soutenues du même aplomb que celui douant un mauvais tour de passe-passe

et sans plus d’issue le crâne de ce monde effondré en quelque sorte de boue
++++ainsi que s’abattrait du ciel l’inexact cadavre d’une théologie contumace

Certes
++++mais ne faudrait-il pas d’abord revenir à la scène première du drame

++++++++++++autrement dit
++++++++++++++++++++++++++++++++La mère
++++++++++++++++++++++++++++son ventre gras
++++++++++++++++++++médiocre sperme grouillant
++++++++++++++++sous de médiocres entrailles
++++++++++++palpitant le dérisoire des instincts

++++au désastre offert le pouls de mammifères minuscules
++++hors ce trou imbécile d’où s’exhibe l’œuvre du néant

++++Après quoi entendrait-on se préciser
infiniment la buée des larmes éprises d’indiscernables amours
lançant leurs dés comme la mer éparpille le grain de ses plages

++++à n’en plus rien saisir
++++++++l’exigu cours des choses

++++++++++++++++++++++++++++alentour
++++++++++++quoique insensible
++++++++l’agitation malheureuse de bras dépourvus de sens
++++et les bouches grosses d’inconséquentes complaintes

++++manquant l’utopique crachat qui s’y plante
++++ou l’exigeant abrégé d’un coup de couteau ++++

++++++++++++++++++++++++++++++++le moment venu
++++++++++++++++++++avec cette lenteur si propre aux baisers
et la main sûre pareille à celle capable de trancher la gorge des rois

++++++++++++++++S’avancer dans la nuit maintenant qui tombe

s’écroulant derrière soi le facile transport des clartés apprises
++++par prudentes délimitations
++++++++le corps qu’incline le détour de gestes privés d’expérience
++++++++sur la peau curieuse la caresse d’un désir mendiant

++++++++++++++++++++++++S’éloigne et disparaît presque
++++++++++++à sa suite entraînant l’éternité égale de l’univers

++++++++++++++++++++++++++++le ressours des va-et-vient se tarissant

++++++++Persiste en l’air comme la trace d’une altitude rompue
en haut de quoi peut-être aima-t-on rêver une ressemblance autre avec la vie

++++fuyant l’entrechoquement bilieux des viandes contraires
++++++++++++embrasé dans la sagesse rapide d’un souvenir d’enfant

++++++++++++son regard qui à nouveau croise le sien
++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++à elle
++++++++longuement sourit
++++++++++++++++s’émerveille un instant
++++++++++++++++++++++++s’avoue pour lui-même

++++++++Voici donc comment baise et jouit la vérité

Avant que tout ne s’endorme sous la permanence d’un voile identique

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Chut…

++++++++++++++++++++++++++++distraitement une femme soupire

++++sur son sein bâillant l’intérieur vide d’une parole dépeuplée.

Coït

[…]

++++++++Autochtone secret de la tombe
++++++++++++++++qu’appareille avec calme
+++++++++++++++++++++++++++++++l’avenir

++++++++++++Aiza ve ny tanin-drazanako

++++++++++++++++++++un homme se demande
++++++++++++sa langue comme au bord du vide
++++++++
++++++++persistant en lui le creux d’une âme dirait-on

++++Pâle naïveté qu’éclaire l’illusoire des choses

une silhouette traverse curieuse l’événement de sa vie

++++Plus tard se rappelant à l’absente nécessité de son existence

++++++++++++++++un cri d’inconnu
++++++++++++++++inespérément
++++++++++++++++++++++++++++se pousse
++++++++++++Au loin paraissant

++++l’immensité nouvelle qu’un saut dans le vide déploie.

[…]

Apostasie

++++++++++++Charme

++++++++++++++++oui ++++avouons-le
++++l’étrangeté d’une seconde
ou le passage d’une certaine idée dans l’air

++++++++++++Tempétueusement l’avenir
++++++++
++++++++quoique la foudre parût frapper sans claire apparence
++++quelque part à l’ombre de ce qu’étend ma peau

++++++++++++Là n’étant plus le même

++++A cet instant où
++++++++l’humeur change comme

++++++++la nuit succède au jour++++++++++++Moi

++++++++ce peu de substance ++++++++qui
++++++++m’apprivoisant aux choses

++++++++++++volontiers sert l’ouvrage des maîtres blancs
++++++++
++++++++ leur bible en main
++++++++++++depuis toujours
++++++++++++++++convertissant le sauvage
++++
++++++++l’Amour d’un quelconque Christ néanmoins
++++sublimé en l’amour plus précis de l’argent

++++++++++++Désirant ce qu’ils veulent

++++M’ont-ils appris à mépriser le pauvre
++++++++++++++++me méprisant en vérité moi-même

++++++++Puisque

++++++++quelle différence entre une controverse à Valladolid et
++++quelque secrète accolade appointée dans un bureau de la FED

C’est d’âme encore dont en coulisses se décide le sort ou la dette

++++Ainsi
++++++++admirez-nous mourir
++++++++l’intelligence toute occupée à mendier la faveur d’un sens

++++Quand la moindre grappe de billets ailleurs libère du devoir
++++++++++++++++++++
++++++++++++et plus une femme n’échappant à son prix
++++++++++++++++++++++++++++++++hélas Virginia Woolf
++++
++++Son lieu à soi ne dévoilant que la plus facile des marchandises

++++++++et ne parlons pas
++++++++++++++++des enfants
++++++++++++++++++++qu’une face d’Orient
++++++++++++++++++++++++++++++++affranchit
++++++++++++de toute consternation morale
++++++++
(le vieux touriste révèle-t-il son BAFA prenant plaisir à jouer avec eux ?)
++++++++
++++++++Joie de cigare donc++++++++
++++++++++++sous la vitrine qu’offre de l’horizon
++++++++++++++++de grands élevages d’esclaves

++++++++Perspective exemplaire

le monde est une valeur enfermée dans un coffre-fort
++++la clé autour du cou d’un inexorable maton en costard-cravate
++++++++ne lui suffisant que de baisser les yeux pour s’établir roi

++++Et nous marchant têtes basses sous l’influence de sa vue

++++++++++++++++++++++++++++++++++++Camarades
++++++++++++++++++++++++++++++++
++++++++++++++++++++++++++++il faut nous enfuir
++++++++++++++++++++++++rebrousser le chemin
++++++++++++++++++++rallier la frontière
++++++++++++++++n’emporter avec nous ++++++++nul regret

++++++++++++Notre terre natale

++++est à chercher plus loin que ce que nous pensions être

++++++++++++achevant
++++++++++++++++++++les généalogies du ciel
++++++++++++++++++++l’alignement des planètes
++++++++++++++++++++l’ivresse de la chair
++++++++++++++++++++semence après semence++++
++++++++++++
++++Retrouver ce qui jamais ne cessera de nous précéder++++++++
++++++++++++++++
++++++++++++++++Car
++++++++++++++++++++le premier père
++++++++++++++++et la première mère
++++++++++++eux peut-être savent
++++++++++++++++
++++++++++++++++++++++++++++Pourquoi

++++++++++++++++nous eûmes à poser le genou à terre
++++++++++++devant la bouche cruelle des fusils
++++++++sentant le muscle de notre lutte faillir

++++++++et l’extinction de notre royauté
++++++++++++l’exil forcé de nos princes
++++++++++++++++la captivité de notre race

Serons-nous les derniers à nous souvenir de la couleur de notre sang ?

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Ou bien…

Apostasie

Transhumance

+++++++++++++Qu’étaient-ils
++++++++++++++++++++++ces gens
++++++++++++
++++++++++++++++++++avant que dans leur dos
++++++++++++++++++++ne se dérobe la mémoire

++++++++++++et que sous leurs pas
++++++++++++ne s’épuise la route
++++
++++Bouts d’hommes et de femmes perdus
++++++++++++++++++++++++baluchons de misère
++++++++++++++++++++++++les poches pleines de vent
++++++++++++++++++++++++drapés de guenilles
++++++++++++++++++++++++leurs faciès insensibles
++++++++++++++++++++++++à l’avant-garde de la dèche

++++++++Sans doute n’ont-ils plus besoin de noms
++++
++++++++A poursuivre le tort d’un ciel dépourvu d’étoiles
++++Les yeux engloutis parmi l’indifférence des regards
Plongeant leurs mains dans la famine des poubelles

furent-ils eux aussi des enfants
quel sort eurent-ils donc de naître

++++++++On les dirait éclos de la crasse des trottoirs
++++++++Trafiquant d’hésitantes pancartes au langage délabré

++++flaques d’ombre offertes au mépris des passants
++++++++nulle rêverie n’étincelant ces maigres amas de chair
++++++++++++propices épaves dévolues à l’usage des bas-fonds
++++++++++++++++et la nuit venue ce qui en précise les carcasses

++++Comprendre alors :

++++++++++++++++le faste des vérités à la panse obèse
++++++++++++qu’il est facile d’aimer la vie
++++++++à ne la vivre qu’au hasard
++++d’incarnations prospères
et de faciles doléances

Quoique certains en ces termes se sussent peut-être gré
++++
++++++++++++++++++++++++++++d’en avoir quelque chose à foutre

++++++++Ô miracle de compassion
++++++++++++Ô grandeur des âmes

comme dans la bouche du poète soudain s’ébahit la niaise beauté des fleurs
mensonge à bras ouverts d’où se flatte l’humanitaire en manque d’être
sans mal convaincu du Bien que devant tous et plutôt toutes il représente
bigot d’une hospitalité par principe la plus parfaitement théorique
heureux de livrer l’excédent de cette masse à quelque laborieuse nécessité
qu’à bon entendeur n’acquitterait pas même le nettoiement de chiottes infinies

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Orpaillage cruel
++++++++++++++++++++++++++++++++
++++Quant à moi je ne vous tromperai pas affirmant ceci++++++++++++

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Cela m’est égal

++++++++La rue est un cimetière où aime à s’entasser la fin du monde

Autant ne plus y penser
Et laisser à l’hiver le soin d’expurger l’espace

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Non ?

Transhumance

Le dernier poète

+++Souvent +++le voit-on

dans le métro++++++
+++++++++++vague +++
++++++++++++++++++et confus

+++Comme errant ++++++
++++++au parcours d’un regard
+++++++++qui ne lui appartiendrait
+++
plus+++++Chose
+++++++++méthodiquement distincte

+++L’intérieur de ses pensées +++défile
+++++++++parmi l’identique nullité d’un décor
+++++++++sombre+++++++++au travers de la vitre++++++
++++++++++++concave +++
+++++++++++++++musellement
+++de rails
de câbles
de poussières
de tags
et de crasses

++++++Tunnel de mine pauvre++++++

+++++++++++++++la silhouette des passagers
++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++alentour
+++++++++grise une molle peinture d’ennui
+++
et l’histoire se gaussant d’obnubiler son personnage
comme si tout l’air du monde évidait sa respiration
les corps ne fleurant plus qu’une fine mascarade
++++++++++++
++++++le fantôme de l’Occident
+++
++++++++++++++++++++++++derrière lui++++++
++++++++++++++++++++++++++++++++++++rôde
+++hante +++++++++
+++++++++++++++la chair
+++++++++++++++++++++++++++exsangue
+++++++++++++++vacille
+++décombre

une soûlographie de grâce louche

+++au front de vaines espérances++++++un mendiant traverse la rame

++++++ses mots répétés depuis toujours +++
++++++++++++++++++++++++++++++j’ai froid+++
+++++++++++++++++++++++++++j’ai faim
+++je voudrais que l’on m’aime +++
et cætera

+++Hélas
++++++personne ici +++n’entend++++++
+++++++++les oreilles sont closes

+++Ou

peut-être qu’en secret prie-t-on le retour de quelque messianique faconde
++++++++++++
++++++++++++à cette seule cause émise pour inachevable testament
+++
++++++ainsi cher Paraclet au devenir lointain

++++++++++++(en oublierait-on la si simple éminence du ciel)
+++
+++Dans le côtoiement indécis de gueules malhabiles
+++Au contraire remarquant celui dont le visage soudainement

+++++++++s’éclaire

+++++++++++++++et sa mortalité dédaigneuse de contrejour+++
++++++++++++pareille à l’arcane bafoué d’un mensonge
+++++++++une solitude d’homme brandie de mémoire floue

++++++dehors

+++La machine accélère +++++++++
++++++pénètre l’espace d’où elle manque
++++++sa vorace imminence

sur le panneau d’affichage un alarmé zéro clignote
+++
+++D’anthropomorphiques fourmis grimacent la nécessité de leur travail

+++Il faut +++
+++Il faut +++
+++Certes +++
+++Mais ++++++++++++IL FAUT ++++++
+++Quoi
+++++++++
++++++Une mauvaise métaphysique abjecte les cœurs

++++++++++++++++++++++++++++++érode le contour des âmes
quand +++à morne escient +++++++++
++++++++++++++++++++++++la vie
++++++++++++++++++++++++++++++malgré elle
+++++++++ne se souvient plus
+++++++++++++++++++++++++++comment
+++++++++++++++vivre

+++++++++Ci-gisant morgue
+++++++++++++++sa complaisance d’instincts ++++++
+++++++++++++++aussi l’engrenage de ses factices présomptions
+++
+++d’inaccessibles distances approchées dans la fuite d’inexorables mains
+++à la surface des peaux d’inconnues caresses ignorent leur destination
+++préalablement prisonnière des laideurs dont se fomente la foule
++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++complice
+++++++++++++++++++++++++++criminelle d’inassouvissable vengeance+++
+++++++++++++++panoplie fatale
enfantement haineux+++++++++

++++++Par le bas s’extravagant toute+++adversité d’être soi
+++
+++ou la douleur d’imaginer perdu le sens obvie de plaire
+++à endurcir sa voix d’âpres immanences de gouffre
+++l’Autre est un abîme d’où s’écrase la parole
+++chacun attendant d’abord que chacun l’idéalise
+++on tourne en rond sans suspecter l’hygiène de la cage

Et le moindre mouvement de l’œil livré aux plus propices sujétions

+++d’impératives certitudes hérissent les inimités du langage
+++exergues abrutis qu’embourgeoisent les conspirations du désir
+++l’art agonisant dans la dépouille résignée d’excellences joyeuses

+++A tout prendre dès lors :
+++
le selfie d’une quelconque cruche comme esprit du siècle
++++++++++++++++++++++++++++++++++++que gonflerait
++++++++++++++++++++++++++++++suffisamment
++++++++++++++++++++++++l’analphabète
+++++++++++++++++++++estime
+++++++++d’un irrépressible
+++Moâ…

Or
+++qu’il y eût de la sorte à toucher le fond
+++quelle archéologie future le comprendra

++++++Ceci

++++++Qu’entouré d’idiots +++
+++++++++++++++++++++son règne
+++++++++++++++++++++++++++prenant fin
++++++
+++++++++Le dernier des poètes ++++++++++++++++++à regret
++++++
++++++lentement
bailla
++++++++++++++++++++++++et s’endormit.

Le dernier poète

Amoureusement

+++A ne plus savoir
+++++++++ce qui
++++++++++++au large
++++++nous entraîne+++
+++++++++++++++
+++++++++++++++Dans l’immensité d’un regard++++++
++++++ou la fugue d’un oiseau

la paroi d’une cage ++++++patiemment qu’ensevelit le silence
++++++et l’abandon des rires +++hormis nos bouches d’enfants

+++deux lèvres entre-ouvertes +++fragiles peu à peu
à l’embouchure d’un mot
+++++++++++++++++++++lequel

+++En reconnaîtrait-on l’augure
+++++++++le souffle épaissi ++++++
+++++++++
Nous aimerons-nous toujours ++++++demandent-ils et elles

++++++++++++demanderont++++++toujours

Sous le pâle d’un ciel sans plus de hauteur

++++++nos yeux devenus ceux d’une même contradiction.

Amoureusement

Le bon apôtre

+++Voyez-le
+++++++++tout le jour durant
+++
++++++n’être qu’homme
+++ou
+++si peu
précisément
+++++++++
+++Déserter +++
++++++le prolongement de sa cause++++++carnaval dévolu
combustible d’ennui ++++++insatiable finance

+++cerclant la courbe de sa nuque +++lente ++++++le joug des heures
+++++++++++++++cela qui s’efface sans livrer de nom

+++++++++l’éternité d’une poussière+++la bribe d’une étoile

++++++Le regard émis jusque dans l’absurdité d’un mur
++++++++++++++++++et la vie entière par-dessous
passant
+++comme+++++++++
++++++passe un nuage +++

++++++s’y sauve ++++++le mouvement d’un rêve +++
+++
++++++++++++l’allure ou la trace

+++Du dedans ++++++cendre d’âme
+++++++++++++++++++++recrue de clarté
+++++++++++++++ +++++++++semant le détail d’une étincelle
+++++++++++++++++++++++++++l’orage écoulé d’un désir
+++++++++++++++++++++faut-il dès lors
++++++++++++++++++que la ville++++++
++++++++++++brûle

autour traînant hagarde la sueur torve des muscles
+++++++++++++++++++++++++++++++++sous l’infime du devoir
se confectionnent des buts pour commode raison de croire
++++++++++++++++++++++++++++++aux évidentes mécaniques des lendemains
ainsi le peu d’amour qui demeure hors
+++++++++++++++++++++++++++l’enfance héritée de sauvage envergure

+++Plutôt

+++parcourir le réel++++++
++++++espérer le vide
+++++++++contourner la matière

+++dieu est un abat-jour égaré dans la geôle croupie d’une prison
+++++++++
++++++
+++majuscule retroussée

plus tard dira-t-on que nous fûmes ce que nous prétendîmes être
+++
++++++viande malfamée ++++++le surcroît d’une mauvaise aise

Souffrant+++lui sait
++++++tristement noie son ivresse au plus profond d’une idée noire
pensée nue
+++ne laisse la nuit de revenir à ses trousses++++++écarte
+++++++++de ses mains l’ordure absente du ciel++++++son reflet

Quelque part++++++ondulant à la surface d’une flaque douteuse
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++(pisse sans doute)
+++
++++++se tient-il encore droit+++++++++récusant la chute
+++échassier au cœur de la tempête++++++la gueule d’un boxer

+++++++++++++++à l’encaisse d’un empirique crochet du gauche

+++Le corps s’affaisse, l’univers vacille++++++alentour la foule applaudit
hurle ou bave ++++++éclabousse ses gradins de sperme
+++++++++s’étreint au hasard+++++++++– Grondements d’orgie –

+++Puis le voilà soudain qui se relève +++comme pour la dernière fois
débouche un goulot +++inspire fort++++++apprécie le vacarme +++
rit peut-être+++++++++dépose sa bouteille +++un instant ++++++
aimerait se souvenir+++la première fois++++++le palpitement +++la chaleur
s’élance

+++Il a la forme d’un acte manqué++++++++++++s’en moque
+++
+++++++++pèse tout le poids d’une inutile descendance
++++++fonce tête baissée en avant de l’abîme
+++n’oublie pas d’ouvrir grand les yeux

Observez

bientôt il atteindra le centre des choses
+++le mystère de l’existence++++++++++++trope accoutumé
+++++++++dégaine une arme au croisement de sa tempe

+++n’a plus d’hésitation

+++++++++++++++++++++son doigt
+++++++++
++++++délicatement+++
+++++++++++++++presse++++++
+++++++++++++++++++++la détente… +++++++++

Quel lecteur ici retiendra son souffle
+++Quelle femme hurlera son nom
++++++
++++++L’atmosphère tremble
+++++++++++++++++++++
+++++++++Effrayée par le bruit une grappe d’oiseaux s’envole
++++++Des plumes jonchent désormais le contour du drame
+++En peu de mots l’avenir inconsidérément s’achève ++++++
++++++++++++++++++++++++comme à contrecœur

+++++++++++++++La mort emporte dans les ténèbres son dû

… sur la berge occidentale du Styx une silhouette nouvelle se dessine
approchant l’illustre Charon semble chercher quelque chose dans sa poche
fouille maladroitement le fond de culotte arborée pour l’occasion
puis avec déférence et souple convention adresse au sévère passeur un signe
clin d’œil d’abord après quoi défaisant la fermeture de son poing
promeut ravi l’avance outrée de son majeur ++++++honorable mention++++++
+++++++++++++++++++++++++++
++++++++++++Et amène surprise +++donc

Regardez-y de plus près
+++
+++jailli du canon+++
+++un drapeau déroulé +++
+++astuce de farces et attrapes
+++quatre lettres apparues

« BANG » ++++++++++++++++++
++++++l’auriez-vous parié +++++++++
++++++++++++++++++Haha !

++++++++++++Oubliez le suicide : il faut vivre
+++++++++++++++
et savoir seulement tenir l’alcool.

Le bon apôtre

Septembre

A bout d’été++++++
+++peine comme
+++venu se pendre à
+++++++++++++++RIEN
+++
++++++le gris reflet de la ville
+++++++++s’étend +++sous le crâne du ciel
+++
+++n’est plus la mer au loin
ressemble
++++++++++++au terminus des voyageurs

+++tout le monde descendant

+++++++++++++++retrouve
le goût crevé des vieilles habitudes++++++
un recoin de réel dans le précipice d’une boîte mail
l’acquiescement bas ++++++l’égo servile

+++déclinaisons invariables++++++
à compléter par cœur quelque protocole d’existence

Ainsi
+++l’œil désaxé de ses verticales mobiles
+++++++++s’écrasent les vertèbres
++++++++++++dans le creux des jours
+++++++++++++++un fauteuil de cadavre
+++++++++le réconfort d’un destin sans hauteur
+++++++++
+++l’événement est +++lui
++++++++++++disparu
+++++++++
++++++qu’a-t-il été
+++++++++silence ++++++++++++solitairement+++
+++++++++s’ignore +++l’effondrement de son discours

Des syllabes de plomb dans la bouche
++++++++++++à peu de choses près
++++++l’attente ou
+++l’oubli
+++
++++++la mémoire exerçant l’usage de son absence
rapprend le noir des nuits de peu de rêves+++

++++++manquant d’il y a

un trou déglutine les têtes
+++ossature disséminée
++++++du temps passerait-il par là
+++++++++++++++indéfiniment
+++++++++s’objectivent les couleurs de l’avenir+++
+++
+++images de fausse lumière++++++de la réclame pour gras touristes

Hors
qui demeure
+++à l’orée
+++l’allure d’une ombre soudain se pressant
+++++++++persiste sur le chemin emprunté

++++++le saisissement de sa joie ++++++cavalerie sauvage

dans le désastre des champs de bataille
dans la ruine des vérités d’aube-sang+++
dans les pourquoi des poings exorbitant l’air

++++++Admettez :

+++Ce monde
+++est une invention d’angle obtus++++++
++++++un puits de science inutile
+++++++++un agenouillement de théologie pauvre+++
++++++++++++un amoncellement d’ordures livré au hasard

+++Bafouillant le mystère
Éros
et Dionysos : deux larmes coulant sur le visage d’une splendeur ancienne

+++s’obscurcit
++++++la vie désormais pareille à la danse d’un cul-de-jatte

ou l’immensité du vide berçant l’éveil d’un nouveau-né

+++devine-t-elle alors++++++la mère
++++++entre ses bras+++l’amour de l’univers

Et le printemps qui sans cesse revient
++++++++++++++++++s’y suspendant
++++++
++++++la floraison des êtres+++le renouveau des cœurs
++++++
+++++++++++++++l’INCONNU ++++++

encore une fois.

Septembre

L’accalmie : un souffle

Et le beau comble de la fête
+++++++++lentement
+++se vide

(sous les fronts l’hilarité se desserre)

Venu
un temps
+++paraît +++++++++
+++++++++autre

le silence de l’aube glissant par la fenêtre
des corps pleins +++pesantes traces d’ivresse

au sol s’éparpille l’extrémité d’un sens

Jailli ++++++hors de la foule+++
+++++++++silhouettes timides

+++un garçon
++++++une fille ++++++leur regard

+++++++++le même
était-ce ++++++le même

L’intersection passe

+++Qu’ont-ils vu lui
s’éloigne elle
++++++attend ou s’endormirait peut-être

Il hésite
+++voudrait ne plus ++++++quoi
+++++++++hésiter +++donc

dans la nuit qui meurt un lancer de dé orage la tête
l’inconnu est un saut qu’à la fin empourpre le vide

Il s’avance
+++un bout d’univers tremble
++++++++++++
élance sa bouche
parle ou rêve ++++++de ++++++
+++++++++++++++parler

Elle écoute
+++là où son nom éclot parmi l’air
+++dit oui +++elle

+++++++++est un oui +++le bâillement de son cœur

++++++sa poitrine seule
l’excède et le secret
++++++++++++dedans

abandonne++++++l’amarre des pierres

Suspens
+++et vertige

un frisson parcourt la profondeur renouvelée de l’espace

+++quelque chose naît comme

++++++nait le souvenir d’un dieu ou
++++++s’enseignent les constellations du ciel
++++++ou existent loin d’ici

les ailleurs que l’on cherche

main qu’étend l’ombre dans le franchissement d’un sourire

apprivoise
+++la peau désarçonne
+++++++++la subversion ++++++des doigts
Alors

le feu est
+++deux lèvres qui s’approchent +++deux muscles ouverts sur

+++++++++l’étrangeté d’un gouffre ++++++

dans le ralenti des paupières tombant
++++++++++++++++++closes+++++++++

++++++++++++se mêlant les Tu et les Je +++
++++++le désordre
+++
ce qui faillit +++se laisse faillir

Accuse
+++la frontière
+++++++++entre
++++++++++++les êtres

Ce qui se cache sous l’exactitude des visages
+++++++++++++++++++++l’envers
++++++nudité encore
inavouée

Pâlit-elle +++
++++++lui
+++++++++s’attarde dans les contours les parages

++++++l’Orient doux de ses cheveux

est la surface apparue du désir

+++la pensée
++++++s’y plaît
++++++si plaisant ++++++s’y perd
rare

S’enfonce jusqu’à l’endroit de sa disparition
+++++++++++++++++++++paysage de fantôme +++
++++++++++++++++++l’intérieur d’une caresse
+++++++++++++++sa terminaison lente

Respirer

l’instant macule les secondes qui le précèdent de poussières bienheureuses
deux atomes figent leur ressemblance dans un même ensemble coordonné
un rayon élargit son passage délaissant la clarté d’une vieille étoile

+++le devinent-ils

L’avenir pointe
++++++recourbe ses brumes
+++++++++++++++jusqu’à ce qu’enfin

++++++++++++n’ait lieu
+++++++++++++++que ceci

++++++l’accalmie : +++++++++++++++++++++un souffle

Le leur ++++++++++++à peine.

L’accalmie : un souffle

Perturbation 15

Jours maudits jours tristes
veilles d’océans dont
les remparts dégrisent le sort
agonisant les surfaces
une forteresse d’étendue oisive
au loin peut-être l’Amérique encore
à conquérir d’un dernier dollar l’idéal
j’écris à main levée l’œil myope
cherchant une vision par-delà
le ciel dilettante couronne
intempestive compagne
me réclamerait-elle de sang bleu
moi l’épave d’avance douteuse
empressant d’apocryphe rivage
la vie sous d’immobiles silences
d’où se taire longuement attendre
affûté en l’absence de proies
vieux requin brisant ses dents sur la cage
où est le réel où
est le réel
se demandera l’incapable
oubliant de lui-même la demande
étant le réel au fond de sa bouche
impatience de petite vertu
pénombre balbutiée
mais de la lumière enfin qui en donnera
qui en efflanquera le tort
fût-ce brindille que porterait un nain
et l’intuition d’en bas des choses
l’enfantement d’une maigre page
le lit d’une encre provisoire
je m’y endormirai méconnu
avec à bout d’idée ce sceptre
comme de la plus indolente royauté.

Perturbation 15

Perturbation 14

A revenir enfin d’on ne se souviendra plus où
retroussant la chair crainte de nos erres maladroites
le long de chemins parcourus d’ivresse vide
là nos ombres jetées de silhouettes rares
traçant au sol l’éclat soucieux d’irrémédiables sillons
et l’œil brûlé dans le soleil des midis farouches
tu me diras que tu m’aimes
lentement
à perte de vue
tu me diras que tu m’aimes
avec du bout de tes lèvres déclinant le jour
moi inexplicablement
reculant ou avançant vers toi
d’entre tes mots comme des ronces délicates
le trajet fragile d’une fuite sans plus de corps
fantôme qu’étirera au loin une mer lourde d’hésitants nuages
tu me le répéteras
clairsemée de silences
comme le printemps répète l’aurore des fleurs
il n’y aura autour de nous que cela qui s’éveille
quelque tam-tam thoracique peu à peu s’entre-ouvrant
et l’empreinte d’une main ressemblant étrangement à la mienne
où apprendre encore la forme de ton visage
à cette rive inaccessible échouant voyageurs et sommeil
mes yeux se fermeront
pour de l’intérieur t’apercevoir plus grande que d’abord tu ne le fus
accrochée à l’air et l’orage des tourmentes au goût de sel
je coulerai dans tes veines mon sang conçu d’ailleurs
rimant ma peau à la tienne
cousant ainsi nos sueurs
celles qui lasses riant et pleurent
jurant étalent nos vies
comme s’épuisent au flanc des collines de trop courts ruisseaux
paysage peint en de larges figures d’enfant
des rêves de couleurs au charme tremblé des doigts
bande guidant précieuse ce que l’âme découvre
l’enfoncement de l’univers jusque sous l’hymen béant de tes cuisses
pâle désir qui s’invente de n’être que le mien
si seulement
si pauvrement
au clair prononçant l’envers des miroirs qui m’observent
un champ de tournesols s’estimant l’égal de galaxies nombreuses
quand à l’écart du troupeau pâture précoce un nouveau-né
l’un à côté de l’autre nous marchons
était-ce hier
était-ce vrai
demain déjà brille noir sous le crâne du ciel
une toupie danse à plat éclairant les hasards d’une vieille mappemonde
atlas faussé d’où malicieuse manque l’aveugle ruine des civilisations
et le cri dévot des gorges partout que l’on tranche
misère que s’embrasse la tendresse des bouches
à nouveau diras-tu que tu m’aimes
bordant de ton geste l’essor infini de paroles plus vastes que la terre
hors l’horizon disparue la clarté confuse des âges qui passent
nous deux
allant surpris auprès d’un cœur semblable
lame qui rôde dans l’impatience des pluies d’été
soudain s’extirpe d’une réponse aux dents closes
ou la retenue d’un souffle qu’une poussière dans le vent égare

toi qui me laisse paraître au détour de la nuit
à croire y avoir perdu la raison ou la mémoire.

Perturbation 14

Perturbation 13

Le soir. Entre ses mains. Coule.
Lentement.
Approche la nuit. Approche.
A quoi pendent-elles.
Ces mains.
Semblent là celles d’un mort. Bientôt.
Se liant. Éprises. Inconcevable préhension.
Qu’abolirait soudain sombre. L’inconnu.
En sa surface se trouant.
Par-delà l’œil qui se ferme.
Le paysage d’un silence.
Où est le rêve. Où est.
Le rêve.
Où est cela qui fut rêvé.
Au temps vaste. Murmure.
Un lambeau d’horizon.
Une pensée que plus rien ne pense.
Se ramasse.
Le poids d’ombre des poussières remuées.
Pleur épars. Gisant. Parmi le peu des souvenirs.
La moindre des choses.
Au loin. S’échappant. Le sein de la mère.
Bouchée primitive. Lèvres faites d’amour.
S’en délivrer. Y revenir. Bégayant la tombe.
Syllabes craquelées. Noircit le spectre d’un enfant.
S’en irait-il nu à l’envers du soleil.
Lâche.
L’avenir est. Vérité manquante de cœur.
Présence perdue d’un nom.
Quand tout ailleurs. Disparaît. Ce qui reste.
Deux mains. Accrochées.
Au bout du jour.

Perturbation 13

Perturbation 12

Un petit bout d’elle lui restait comme coincé au travers de la bouche. Quelque part sous sa langue il sentait qu’encore elle était là. Qu’encore elle rôdait. A l’intérieur de lui. A l’intérieur de ce qu’il devinait être l’étendue de sa faiblesse. Dissimulée dans le retard d’une pensée confuse. Dans le recoin d’une indéchiffrable circonstance. Elle semblait l’y attendre. Inévitablement. Inexplicablement. Elle semblait attendre quelque chose de lui. Quelque chose qu’à la fin il devait ignorer. Qu’il devait ne pas comprendre. Qu’il ne pouvait pas comprendre. La faute sans doute à cette trop grande incertitude pesant à l’endroit de son cœur. De ce qu’il croyait être son cœur. Cette boursouflure étrange dont si souvent l’existence ou l’imagination échouait au hasard de palpitations maladroitement encourues. Et l’impression vague d’une raison soudain n’appartenant plus à personne. D’une raison s’échappant peu à peu hors de toute durée. Hors de tout discours. Pareille à une blessure délivrée dans la pénombre d’une mauvaise rue. Un furtif coup de lame qu’impavide eût exercé la nuit. A l’agonie de corps laissés à l’abandon. Suivant la pâle contrefaçon de leurs mortalités invariables. Venant se ressasser par là l’absence peut-être désirée de souvenirs. Traces perdues dans le désert de la mémoire. Le fantôme d’une main tenant un dernier verre. L’exagération brusque d’un rire. La clameur d’une foule errant sans plus de but. L’ivresse d’une larme entraperçue. Le cliquetis taciturne d’un briquet allumant une cigarette. L’impatience d’obscures controverses. La poussière des peaux s’entremêlant dans le désordre des gestes. L’invention hallucinée d’irréfutables connivences. La peur de l’autre. La joie de l’autre. Le grouillement des caniveaux. La menace de l’orage. L’hésitation du souffle. Cela qui s’ose avant que ne survienne le silence. L’expectative lointaine d’un sommeil d’où s’écarterait la profondeur des yeux. Et cette silhouette qui demeure. Elle. Son nom. L’oubli de son nom. Des lèvres qui ne savent plus en articuler le secret. La suspension d’une étoile dans le ciel. La nudité vaste d’un soupir. Le vide entre deux visages qu’espace une indifférente brise. Le dos tourné d’un adieu enfin. S’engouffrant au rebours d’un lendemain défait. Lui. Une ombre à peine. Jonchant le fond d’un crâne inutile. Poème mort.

Perturbation 12

Perturbation 11

Souvent. Il regardait par la fenêtre. Il regardait. Loin devant lui. Par la fenêtre. Le plus loin possible. Il regardait. Et son regard souvent se perdait. Ailleurs. Quelque part. Dans le lointain. Là où rien n’a d’importance. Là où le ciel est un souvenir. Un oubli. Où parfois un oiseau croisait son regard. Inutilement. Il regardait. Là-bas. Quelque chose. Une image. La forme d’une image. De plus en plus lente. Entrant dans ses yeux. Dans l’arrière de ses yeux. D’où cela regardait. En lui. Sans qu’il n’ait besoin de s’en rendre compte. De s’en soucier. Étant là sans avoir à être. Lui. Ou un autre. Juste une vague impression d’exister. Guère plus. D’avoir un corps. De pouvoir s’en servir. Théoriquement. D’avoir appris à le faire. Sans qu’il ne sût jamais pourquoi. Si bien qu’à la place seulement il regardait. Comme égaré dans le détour d’un rêve. Un rêve dont il ne serait pas le rêveur. Un rêve dans lequel il n’aurait rien à faire. Attendant. N’attendant pas. Pareil au silence d’une plante. A la minutieuse évaporation d’une goutte d’eau. A l’extinction progressive de la flamme d’une bougie. Comme si le monde soudain lui avait dérobé ce pour quoi être au monde. L’idée souhaitable d’une cause le précédant. D’un avenir lui incombant. L’événement quelconque d’une pensée. Aussi minuscule soit-elle. Il était comme une pierre posée devant un miroir. Une réflexion morte. Bien que vivant malgré tout. Continuant de respirer dans l’imperceptible mouvement de l’air au travers de ses narines. Parcouru d’intermittentes sensations étrangères. Dont ses yeux cernaient le maigre décor. L’exorbitant gaspillage d’une présence en tout point facultative. Présent de peu de valeur. Présent baigné d’impossibles intuitions. En soi dépourvues de vérité. Ou de mensonge. Manquant de leur propre manque. Et lui regardait. Las. Et par la fenêtre s’écoulait un temps habité par personne. Dans l’espace duquel semblait patienter l’absence irrévocable de toute volonté. De tout appétit. De toute fin. Quand seul un fragile bruit sourd se perpétrait. Que produisait le battement machinal d’un cœur. La pulsation du sang hors d’invisibles veines. Allant et venant le long d’un circuit d’organes dérisoires. Au bout de quoi devait se trouver un cerveau. L’hypothèse d’un cerveau. Qu’une autopsie tardive peut-être contredirait. Découvrant sous cette boîte crânienne une sorte de gouffre. Un genre de béance anatomique. Remplie d’ombres. Peuplée d’apparences trompeuses. De mots sans usage. On dirait de ce crâne qu’il n’était rien d’humain. Qu’en dépit des ressemblances il était autre chose. Une anomalie métaphysique. Un résidu de néant miraculeusement conservé sous l’aspect composite et matériel d’un corps. On se demanderait comment son propriétaire fit pour survivre si longtemps. A ne disposer clairement ni de conscience ni de moi. Mais lui sans doute s’en moquait. Il regardait. Par la fenêtre. Comme souvent il aimait le faire. Il regardait et imaginait que son regard se perdait. Que son regard se détachait de ses yeux. Qu’alors il s’envolait. Dans le ciel. Au-delà du ciel. L’abandonnant lui de l’autre côté de la fenêtre. A l’intérieur de cette pièce si familière que sa silhouette ne s’en distinguait plus. Meuble parmi les meubles. Charpente d’os soutenant un plafond illusoire. A l’endroit où la réalité pèse mystérieusement le moins lourd. Comme surgissant de la fente inexplorée d’une frêle jeune fille. Que la réminiscence de mains maladroites rappellerait au détail d’une première fois. Et le curieux parfum d’un désir de bouche tendre. De murmure incertain. De peau lisse. Où de la sueur peu à peu s’entremêlerait au hasard de caresses. Jusqu’à pénétrer le dedans d’incommunicables cuisses. Et que le souffle des gorges s’accélère. S’enhardisse. S’allitère. Qu’à force l’insolence même de ce souffle se transforme en une manière de cri. D’éclat de chair. D’abord tu. Puis de plus en plus appuyé. De plus en plus ineffable. Et qu’enfin le voile d’un mystère se lève. La secrète enveloppe d’un cœur se déchire. Dans le tressaillement inexpliqué de deux sexes. Suivant l’écho infini de ce geste. Recommencé inlassablement depuis l’origine. Ravivé au pressentiment du moindre contact bienvenu. A la moindre jonction d’un regard propice. Dans la perturbation à peine sensible d’un sourire dépourvu d’habitude. Flottant à la surface d’un visage inconnu. Libre. Heureux. Il regardait. Et regardant ne voyait rien. D’autre que le ciel. Par la fenêtre.

Perturbation 11

Perturbation 10

visage bas+++apparition mendiante+++traîne sur le pavé+++un revers d’existence+++dans l’inattention des passages+++un bout de carton+++pauvrement+++indique l’état de la chute d’où+++guettant+++à l’abri de peu d’orthographe+++l’approche du moindre pas+++lentement se desserre+++l’abîme d’une paume+++immense+++au fond de quoi+++périssant le jour+++éparse+++croule la nuit+++pourtour qu’aveugle+++le regard évite+++sans doute+++craignant de s’y confondre+++chair aussi+++entrelacs d’homme brisé+++à terre+++songe d’utopie manquante+++l’odeur de la faim+++crasse d’haleine pâteuse+++s’abjurant dès l’origine+++le secours d’une main tendue+++intuition dévastée+++révulse l’impatient+++la ressemblance d’un dieu sur la face d’un+++singe+++dignité elle inattendue+++auprès de qui vint le don+++Es gibt+++parole donnée+++Sein in die Sprache+++faut-il le croire ou+++au contraire l’apprendre+++l’inconscience de soi+++est+++la conscience d’un autre+++désir qui le parcourt+++si ainsi se soulève le corps+++par surcroît+++la tête+++détachant la bouche loin du sol+++libère l’espace des mots+++l’hésitation de la voix+++cela qui se demande+++dans la béance des savoirs+++errant encore l’inconnu+++s’apprivoise+++la distance qui+++sépare la vie+++d’elle-même+++avec+++pour comble d’intelligence+++cette manière de+++sourire bêtement+++fuite subtile+++de dents devenues+++trop blanches+++par-delà le silence+++préférable+++d’une bouche+++à l’abandon.

Perturbation 10

Perturbation 9

mouvement de+++la vie+++congruence de+++la merde+++à l’infini+++se multipliant+++l’univers s’imagine+++sorte vaste d’orifice+++lointaine bouche préalable+++elle-même pourvue d’un long tube digestif+++organique substantiation+++transit d’atomes+++corpuscules et poussières+++soubresauts d’une+++supposerions-nous+++congénitale diarrhée cosmique+++d’où+++à force+++surgirait le temps+++réciproquement se chiant+++de l’être+++comme au travers+++d’un trou+++noir gigantesque anus+++contradiction en apparence peut-être+++in principio erat verbum+++voudraient se convaincre certains+++naïve prémisse hélas+++parthénogenèse illusoire+++au commencement+++seule était la faim+++nécessité grossière+++quel besoin de dieu à cela+++l’invention du comestible+++ce qui+++sans même l’usage de dents+++se mange+++se déféquant alors+++une métaphysique d’excréments+++coprophile évidence des choses+++or l’homme de science+++à l’inverse+++ne se prenant guère pour+++de la merde+++n’a lui d’yeux que pour+++sa tête+++celle d’un précieux moi blanc+++de préférence+++le costume serré autour de la taille+++refoulant jusqu’au bruit de ses pets+++poésie élémentaire pourtant+++si l’enfant encore sait en rire+++et encore a le plaisir de+++contempler+++au fond de son pot+++le résultat de sa poussée+++de même que l’animal en lèche+++parfois+++les contours hasardeux+++plus scientifique que de raison+++ajoutant à la panoplie du réel+++cette sensation inattendue+++le goût de la merde+++et à bien y réfléchir+++l’essence secrète de la matière.

Perturbation 9

Perturbation 8

comme un meurtre qui+++dans les rues+++traîne+++sa joie sauvage+++une balade de couteau+++entre les omoplates+++çà et là+++de dociles victimes+++que le jour+++disparu dévoile+++parmi les ombres+++et la foule isolée+++s’ensemencent+++les figures ennemies+++silhouettes propices+++d’incidence rapide+++blitzkrieg+++en cul-de-sac+++l’odeur du mal+++parfume+++l’air+++abrège+++le souffle de l’esprit+++fiction d’atomes+++converse+++ce qui rôde+++dans le cœur des bêtes+++insatiable carnage+++l’avenir est une étincelle+++dynamite en bout de mèche+++éclate+++in extremis+++le calme des silences+++ou la vie malgré soi+++courir+++vent de face+++ou bien+++ventre à terre+++courir+++sans se souvenir où+++courir parce que d’autres+++aussi courent+++après quoi+++lasses indigentes ruées+++marchandises en toc+++attraction vénéneuse+++le réel tremble+++dans les cerveaux+++ vides+++pourcentages disponibles+++eschatologie du zéro+++une image persiste+++celle d’une femme+++nue perversement+++le désir+++lui ressemble+++et la vérité+++tourne en boucle+++autour d’elle-même+++spectacle idiot+++s’emprisonne le regard+++sous le poids des mots+++dehors s’étend un ciel+++dénué de question.

Perturbation 8

Perturbation 7

crache+++le glaire+++noir+++haut poumon+++près du cœur+++tarde+++l’occident+++s’éparpille+++en fumée+++un mégot+++entre les doigts+++va et vient+++va+++et revient+++fluxion longue+++fourbit la gorge+++dans le débris de+++la bouche+++abîme incertain+++cela+++d’où cela parle+++cela aussi+++qui meurt+++l’extinction de l’air+++indifférent soleil+++cime sans ciel+++crépuscule d’étoile+++la nuit tombant+++à l’intérieur+++l’œil lourd+++se dévaste+++en silence+++l’étroitesse d’une pensée+++comme un regard+++perdu+++au fond du regard+++l’écroulement des heures+++veines usées+++salive épaisse+++ce qui rêve+++dans le détour+++d’une aiguille+++soustrayant les envers+++l’oubli+++jonche la surface+++des choses+++glissent+++par-dessous leurs noms+++quelque cendre enfantine+++se soulève+++au passage+++du néant+++et le temps fane+++de l’autre côté des miroirs+++se trouvant là+++vieillis+++des corps+++ne savent plus+++de quoi ils+++sont les corps+++bouts d’univers+++que rien+++à la fin+++n’explique+++image vaincue+++d’immortalité absente.

Perturbation 7

Perturbation 6

Un+++homme est+++à terre+++un homme+++est à terre+++son dos+++courbe+++le sol+++maladroitement+++ses bras+++couvent+++ses tempes+++maladroitement+++ses genoux+++dissimulent+++son ventre+++maladroitement+++un-homme-est-à-terre+++que fait-il++++++la foule+++autour+++se le demande+++anonyme+++faudrait-il aussi+++que je sois+++parmi la foule+++observant+++d’autres hommes+++accourent+++quant à eux+++pieds et poings+++prodigues+++extrémités qui+++s’élèvent et s’abattent sur+++un-homme-est-à-terre+++concentre+++l’attention de+++la foule+++tout autour+++chœur sauvage+++de la bave+++coule+++des lèvres+++attisent les fureurs+++voraces+++soudaines profusions+++musculatures de haine+++ne se retiennent plus+++les coups+++s’emparent des corps+++jouvences cannibales+++monstres+++à visage d’enfants+++affinités meurtrières+++le flair du sang+++facile+++plaisir de+++la chasse+++nue violence+++cela qui s’affaisse+++un os qui se brise+++bout de bois que l’on casse+++sculpture de+++nerf ravagé+++un-homme-est-à-terre+++ne se tendant vers+++lui+++pas une main+++des mécaniques d’yeux+++seulement+++enregistrent la scène+++et moi+++croyant hélas+++hésiter+++bout d’âme+++qui me démange+++quelqu’un doit+++dit Kant+++le puis-je+++non+++ci-gisant+++toute métaphysique des mœurs+++ou formalisme d’écolière+++face à soi+++la mort+++délivrée d’abstraction+++le bruit de+++ce qui a+++mal+++le bruit de ce qui+++fait mal+++des ongles qui+++rampent+++rationalités+++de circonstance+++n’être le héros de+++rien+++ne pas devenir+++soi-même+++proie du bitume+++ramassis d’homme+++tombé+++à terre+++maladresse+++misérable enfin+++détourner le regard+++discrète révolte+++semble-t-il+++une tombe d’inconnu+++pour charognarde conscience.

Perturbation 6

Perturbation 5

se perdant+++dès l’origine+++là parlant+++moi+++l’autre+++en moi+++comme un trou+++dans la+++bouche+++contredit+++cela qui+++se dicte+++hors la langue+++erre+++la langue+++à l’opposé+++se dédoublant+++l’univers métamorphose+++le manque de mots+++en manque de+++mots+++élargit le crâne+++de penser+++déborde+++l’approche+++des choses+++la vue qui pèse+++une mémoire d’enfant+++l’ordre du père+++enracine le mensonge+++présence d’homme+++au fond des rêves+++le visage de+++Dieu+++est+++sans visage+++déguise+++le ressac+++l’oubli+++excrément du ciel+++décolore les souvenirs+++bleus+++regards+++à l’abandon+++ce qui passe+++par la tête+++n’a pas+++de tête+++de la lumière+++seulement+++qu’éteint+++la plus mince+++paroi+++d’une paupière+++enserre+++l’ailleurs dans l’ici+++noir+++soupir+++respiration longue+++l’attente+++des ombres+++spectres de désir+++trouble+++à l’intérieur+++hantant+++le cri+++d’un nouveau-né+++le ventre de+++la mère+++hérite+++du hasard+++sexe de néant+++de la poussière+++remuée+++s’effaçant+++le crime+++la mort toujours+++en retard+++l’exhaustion+++de la vie+++inépuisable+++recommencement+++l’inconnu qui bout+++d’être-moi+++consonance toxique+++infinitif+++croire+++et si+++je+++n’exister pas.

Perturbation 5

Perturbation 4

le corps de+++ELLE+++le corps de+++LUI+++l’encore de+++ELLE + LUI+++au travers de+++cela+++qui sans cesse+++se rapproche+++balbutiant+++le souffle+++déguise+++la main+++cherche+++vers quoi+++se tendre+++rien de+++connaissable+++l’autre+++gisant sous la peau+++l’emplacement+++du désir+++passerelle entre+++deux vides+++s’y démasque+++la chair+++exorbitant+++pâle de l’œil+++muscle feint+++abonde+++le sang+++ralentit le regard+++se dresse+++la chose+++à l’endroit du cœur+++le discours de+++LUI+++discorde de+++ELLE+++et la chose entre+++va+++et vient dans+++l’infini de+++ELLE+++murmure+++le signe de+++LUI+++point de+++non-retour+++se raccourcit+++la chose+++coïncidant+++l’au-delà du ciel+++le couvert des noms+++ELLE+++ou bien LUI+++gouttant+++la sueur de l’orage+++précipice d’oubli+++qu’espéra-t-ELLE+++pour ce que fut+++LUI+++l’aube+++se levant sur+++deux cadavres+++hors l’éternité+++muette+++de dos+++se faisant face+++la même+++étrangeté+++l’invention de+++la nuit+++bêtes obscènes+++ce qui fut joui++++++faute d’amour+++inavouablement+++se rappelle à+++quelque au-revoir+++l’équation inconnue+++ELLE + LUI = ?

Perturbation 4

Perturbation 3

lieu+++l’absence de+++lieu+++la foule+++l’écran de+++la foule+++des regards sans+++croisement+++ce qui se rive à+++l’extrémité de ces+++regards+++sans croisement+++l’illusion+++d’être+++en compagnie de+++semblables mais+++à quoi ressemble+++le semblable+++en l’absence de+++lieu+++autrement que+++soi-même+++contre-sens+++à l’entour s’espaçant+++anonyme+++se montre sans+++visage+++ni chair+++le vacarme d’un+++silence+++dénué de silence+++s’aplatit+++la pensée+++dans l’écran de+++la foule+++se perdant l’agrégat+++des sourires+++la distance entre+++deux bouches+++cela qui+++se préfère+++n’existant plus+++passe à côté+++traverse+++faux mouvement+++la représentation des+++volumes+++est vide+++d’intérieur+++l’écran de+++la foule+++le flux des+++machines+++lieux abandonnant+++croisée d’aucun+++regard+++d’où l’autre+++paraît+++reflet de+++miroir+++soudain complice+++battement de+++cœur+++habitant le lieu+++contredisant l’absence+++secrètement rejoints+++l’ici et maintenant+++vérité promise.

Perturbation 3

Perturbation 2

rien+++la nuit+++rien que+++la nuit+++qui s’enfonce+++jusque+++dans les choses+++jusque+++dans le nom+++des choses+++dévore ce que+++la nuit+++n’est pas+++la clarté+++qui+++demeure dans+++la clarté d’un+++œil+++et tout ce qui+++est la surface où+++le nom des choses+++apparaît puis+++disparaît+++la chose sans+++nom+++et le mouvement de+++la nuit+++qui+++s’enfonce+++sous la surface de+++l’œil tombe+++est-ce encore+++un œil+++quelque chose comme+++un œil+++en lui qui+++se ferme+++à mesure que+++l’image+++déserte+++la vue+++et que+++la matière+++repousse+++la forme+++et le désir+++d’être+++la nuit+++ce dans quoi+++l’œil tombe+++une fosse où+++crève+++le jour+++et l’existence du+++jour+++n’est qu’un+++souvenir de soleil+++la nuit venue+++autrement que+++la nuit+++la moindre des+++choses+++cela qui+++se souvient+++n’étant rien+++que la nuit+++la conscience de+++la nuit+++et le mouvement qui+++dure sous+++la surface de+++l’œil+++à qui+++est-il+++à qui faut-il+++qu’il soit+++demeurant là+++je+++sans substance+++dans l’œil-tombe+++manquant+++la vue qui+++sait voir+++et diffère le jour hors+++de la nuit+++la frontière entre+++le nom+++et les choses+++un mur de+++paupière+++est le je de+++hors la nuit qui+++remplit l’espace+++du dedans+++est+++le je où+++tombe+++l’œil+++dans la nuit+++la présence d’un+++rien+++au contact de+++soi+++à l’endroit de+++plus personne.+++

Perturbation 2